top of page
  • Photo du rédacteurJeanne Roy

L’immaturité chez le jeune enfant : une notion essentielle ignorée!


Être immature fait partie de la nature du jeune enfant. C’est inhérent au processus développemental.


Être inattentif, ne pas écouter, perdre ses choses et avoir l’air perdu sont des caractéristiques d’un cerveau immature. En effet, jusqu’à l’âge de 5 à 7 ans (7 à 9 ans pour les enfants plus sensibles), le système d’attention est encore en développement. Par exemple, quand il est engagé dans quelque chose, l’enfant ne peut à la fois jouer et entendre votre appel pour le souper. Ce n’est pas parce qu’il veut toujours jouer, qu’il veut tester, ou encore qu’il veut faire qu’à sa tête, mais bien parce que son cerveau s’organise et que

« dans le programme cérébral », il est normal qu’il soit distrait.


L’immaturité a d’autres particularités :

Le jeune enfant est incapable d’évaluer une situation. Il voit une partie du monde à la fois. Le contexte, ça ne lui dit rien. Pensez à l’enfant qui ramasse une miette sur le plancher, il voit juste la miette (il n’y a pas de plancher, ni de meubles, ni de maison). Pensez à un enfant caché sous la table avec la moitié de son corps à découvert. Il est convaincu qu’il est bien caché car il ne voit pas les autres!


Le jeune enfant n’a pas la capacité de fonctionner selon 2 points de vue de référence. C’est ce qui l’amène à croire en la magie et à vivre dans l’imagination. Par exemple, il est persuadé que le Père Noël existe et peut faire le tour de la terre pour remettre des cadeaux à tous les enfants, et cela en une seule nuit. Alors, quand l’adulte lui demande de raisonner ou de comprendre une situation, c’est tout à fait déstabilisant. L’enfant veut bien vous faire plaisir, en répétant ce que vous lui demandez, mais il ne peut pas comprendre.


Le jeune enfant ne pense pas avant d’agir. Il suit son instinct et ses émotions. Par exemple, il va vouloir être pris dans vos bras même si vous avez 2 sacs d’épicerie. Son besoin de proximité prime. Il peut aussi être désemparé devant les morsures ou les tapes qu’il a infligées. Il est égocentrique et impulsif. Il ne le fait pas exprès. À cet âge, l’enfant est guidé par son cerveau reptilien (« attaque » : lancer des objets, mordre, pousser) et son cerveau émotionnel (besoin de proximité, d’attention, de réconfort, vit une émotion à la fois, et c’est intense). Alors quand l’adulte lui demande d’attendre, d’arrêter de s’énerver ou encore l’étiquette d’agressif, le jeune enfant est désorienté.


Il ne sait même pas pourquoi il agit ainsi. Alors lui dire d’aller réfléchir et de revenir une fois calmé, est un non-sens. Le jeune enfant ne peut que faire semblant de réfléchir, ensuite, il va répéter ce que l’adulte demande pour préserver la relation et il va… recommencer. C’est dans sa nature d’être immature.


Le jeune enfant répond tout le temps non quand l’adulte lui demande s’il a touché par exemple, un biscuit, un bijou ou un outil. L’adulte est convaincu qu’il ment. Encore là, le manque de maturité est à l’œuvre. Avant 5-6 ans, l’enfant n’a pas la capacité de construire un mensonge. Étant donné qu’il raisonne avec une pensée à la fois, il ne peut retenir la vérité et son contraire.



Le jeune enfant est dans le tout. Il passe rapidement d’une réaction ou d’une émotion à l’autre. Il peut être conciliant et peu de temps après, il résiste. Il rit aux éclats et oups, on ne sait pas pourquoi, il se met à hurler de colère. L’enfant a des impulsions qu’il contrôle difficilement : veut manger tout de suite, tempête pour avoir ce qu’il veut, aime et répète « les gros mots », fait des grimaces, raffole des flatulences, apprécie la boue, les trous d’eau, crie et bouge beaucoup, a des peurs incontrôlées, etc…Il est excessif.


Le jeune enfant est incapable de saisir le concept de travail. Il ne voit donc pas l’intérêt de persévérer. Il est incapable d’attendre la récompense qui vient avec l’effort.


L’immaturité chez le jeune enfant est quelque chose de troublant, de déroutant. Elle vient remettre en question nos manières de voir l’enfant et de l’accompagner. Nous savons que l’enfant ne pense pas, ne ressent pas, ne voit pas le monde comme nous, les adultes, mais à ce point! C’est tout un changement de perspective.


Si nous pensons que l’immaturité est un défaut, alors la correction s’impose et la plupart des adultes ont été éduqués ainsi. Si nous voyons l’immaturité comme faisant partie du processus développemental, nous ne pouvons punir l’enfant parce qu’il est immature.


Que faire? Mieux comprendre ce que représente pour le jeune enfant de vivre avec un cerveau en développement. L’observer avec cette lunette et mettre de côté la lunette du : « y faut bien qu’il apprenne que la vie n’est pas un jeu, que je dois être stricte et lui montrer les bonnes manières. »


C’est un défi de se défaire de nos habitudes et de nos conditionnements. Comme c’est un défi pour l’enfant de se faire connaître et reconnaître pour ce qu’il est : immature. Il a besoin de la maturité de l’adulte, de sa compréhension et de son empathie.


Première piste (d’autres à paraître dans le prochain billet) : Quand le jeune enfant est énervé, parler avec votre corps. Approchez-vous, touchez-le, regardez-le pour qu’il voit dans vos yeux que vous êtes calme et disposé à l’aider. Quand le jeune enfant ne veut pas aller à la garderie. Approchez-vous, touchez-le, regardez-le pour qu’il voit dans vos yeux que vous êtes calme et disposé à l’aider. Quand l’enfant refuse de manger. Approchez-vous, touchez-le, regardez-le pour qu’il voit dans vos yeux que vous êtes calme et disposé à l’aider.


Le jeune enfant est un être d’immaturité et d’attachement. Quand il est énervé ou quand il refuse, il vit un stress. Ce n’est pas simple. Son plus grand besoin dans ces moments troubles, c’est d’être proche de ses figures d’attachement (mère, père, autres adultes signifiants). La proximité lui procure la sécurité intérieure et lui permet de se détendre. Votre compréhension et votre présence favorisent la création de réseaux neuronaux dans le cerveau supérieur, le néocortex. Le jeune enfant va alors internaliser votre entendement et se diriger progressivement vers la voie d’une vraie maturité (pensée claire et flexible, capacité de planifier et de résoudre des problèmes, avoir une conscience de soi et être à même de réguler les émotions).


La compréhension est l’autre nom de l’amour. Si vous ne comprenez pas, vous ne pouvez aimer.*


 

*Thich Nhat Hanh dans: McNamara, Deborah. (2017). Jouer, grandir, s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. p. 27. Pour plus d’infos : Médiagraphie, section Attachement

Prochain billet : Immaturité, les émotions et d’autres pistes



Posts récents

Voir tout
bottom of page